Depuis deux semaines nous avons deux nouvelles élèves dans notre classe: Erika et Lisa. Elles ont toutes les deux 12 ans, elles sont soeurs, elles ont le même papa. Erika et Lisa viennent de Port-au-Prince. Elles sont venues dans notre école car la leur est fermée à cause du terrible tremblement de terre du 12 janvier dernier.
Un second tremblement de terre d’une magnitude de 6,1 est survenu le 20 janvier 2010 à 6 heures 3 minutes, heure locale. Son hypocentre est situé approximativement à 59 km à l’ouest de Port-au-Prince, et à moins de 10 kilomètres sous la surface.
Le premier tremblement de terre a causé de nombreuses victimes, morts et blessés. En date du 9 février, Marie-Laurence Jocelyn Lassegue, ministre des communications, confirme un bilan (provisoire) de 230 000 morts, 300 000 blessés et 1,2 million de sans-abris. L'Institut géologique américain avait annoncé le 24 janvier avoir enregistré 52 répliques d'une magnitude supérieure ou égale à 4,5 sur l'échelle de Richter.132 rescapés sont été extraits des décombres au 23 janvier par les équipes de secouristes venues du monde entier. Les structures et l’organisation de l’État haïtien ont souffert de l’incident ; au bout de trois jours, l’état d'urgence a été déclaré sur l’ensemble du pays pour un mois.
De très nombreux bâtiments ont également été détruits, dont le palais national et la cathédrale Notre-dame de Port-au-Prince.
Erika a bien voulu répondre à nos questions et nous raconter ce qu'elle a vécu ce fameux 12 janvier 2010...
"Avant qu’il y ait le tremblement de terre, Haïti était déjà très pauvre, mais pas à ce point là.
J’avais une belle maison avec un beau jardin et une belle piscine, une grande école avec beaucoup, beaucoup d’amis. Et à cette époque en Haïti, tout le monde est content parce qu’on fête le Carnaval.
Ce jour-là, j’étais malade, je ne pouvais pas aller à l’école, et ma sœur voulait quitter l’école car mes parents allaient en France et elle voulait passer du temps avec eux. On allait passer quinze jours ou plus chez ma marraine avec ma sœur. Trente minutes avant que cela ne se passe, j’ai fait mes devoirs avec ma sœur. Une minute avant que cela ne se passe, je faisais toujours mes devoirs. Ma sœur avait fini et allait dans le salon. Le fils de ma marraine allait là où j’étais. Par chance on était tous au même endroit. Ca a commencé par un bruit sourd, très fort. Après je suis allée sous une porte. Après le sol secouait de plus en plus fort. Là je me suis dit : « Ok, je vais mourir, c’est sûr je vais mourir. La maison va tomber sur moi. » Ca fait comme si on allait dans le centre de la Terre et que l’on était sur du carton. Si je n’étais pas malade, j’allais voir tous mes amis une dernière fois, et mes parents et ma famille…
Quand ca s’est terminé, j’étais tellement contente, je suis allée dans la rue. Mes parents m’ont appelée. Je suis restée dans la rue jusqu’à 23 heures. Après, je suis allée sur le toit des voisins pendant deux heures. Après je suis retournée chez ma marraine. On a dormi près de la porte avec nos tennis car il y avait toujours des secousses. J’ai dormi trois jours dehors chez ma marraine sans mes parents. Après mon père est venu me chercher et il m’a dit qu’on devait fuir le pays.
Quand j’étais sur la route pour aller chez moi, j’ai pleuré en voyant les maisons écrasées avec des gens en-dessous, des cadavres par terre. Et je suis venue ici, à Saint Domingue…"
Erika
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